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Les bourgeois

EAN : 9782330081775
ISBN : 978-2-330-08177-5

Les bourgeois

Ils se nomment Bourgeois et leur patronyme est aussi un mode de vie. Ils sont huit frères et deux soeurs, nés à Paris entre 1920 et 1940. Ils grandissent dans la trace de la Grande Guerre et les prémices de la seconde. Aux places favorites de la société bourgeoise – l’armée, la marine, la médecine, le barreau, les affaires –, ils sont partie prenante des événements historiques et des évolutions sociales. De la décolonisation à l’après-Mai 68, leurs existences embrassent toute une époque. La marche du monde ne décourage jamais leur déploiement.
De Jules l’aîné à Marie la dernière, l’apparition et la disparition des personnages, leurs aspirations et leurs engagements rythment la formidable horlogerie de ce roman très différent d’une simple saga familiale. Car c’est ici le siècle qui se trouve reconstruit par brèves séquences discontinues, telle une vaste mosaïque où progressivement se détachent les portraits des dix membres de la fratrie – et un peu leurs aïeux, et déjà leurs enfants.
Sur cette vertigineuse ronde du temps, Alice Ferney pose un regard de romancière et d’historienne. À hauteur de contemporain elle refait la traversée. Allant sans cesse du singulier au collectif, du destin individuel à l’épopée nationale, elle donne à voir l’Histoire en train de se faire, les erreurs, les silences coupables, les choix erronés qu’explique la confusion du présent. Ample et captivant, Les Bourgeois s’avère ainsi une redoutable analyse de nos racines : un livre qui passe tout un siècle français au tamis du roman familial.
 

"LA GÉNÉRATION DES FRANÇAIS qui naquirent entre 1920 et 1940 a grandi dans la trace d’une hécatombe et les prémices d’un génocide, elle fut partie prenante des conflits de décolonisation, elle connut la crise de mai 1968 et l’entrée dans l’ère des technologies avancées. Ainsi fit-elle une traversée ahurissante que j’ai voulu – pour l’écrire – revivre dans son intégralité et à la manière des protagonistes : dans l’illisible confusion du présent, en oubliant tout ce que l’avenir m’en avait appris, en restaurant chaque instant dans l’incertitude et l’inconnu qui le caractérisent.
Revivre le siècle, donc, mais avec et à travers qui ? J’ai choisi dix personnages qui m’étaient familiers, les huit fils et deux filles de Mathilde et Henri Bourgeois, héros il y a vingt ans de mon roman L’Élégance des veuves. Ils occupent les places favorites de la bonne société – l’armée, la marine, la médecine, le droit, les affaires.
Ils  représentent le monde bourgeois conservateur, les héritiers pour reprendre le mot de Bourdieu, une cible de la critique sociale contemporaine. Ils sont aussi une fascinante énergie de vie, un mouvement au cœur de l’inexorable maelstrom des hommes et de l’Histoire, comme un vol d’oiseaux qui passe et disparaît. J’ai regardé ce vol – long et courageux – qui a connu le pire. J’ai envisagé les choix qui se présentèrent et les informations qui furent ignorées. Le présent n’est pas encore historique, pas écrit mais vibratile, aussi dans cette entreprise fallait-il se méfier du biais rétrospectif. 
Prendre la mesure de la continuité autant que de l’épaisseur des années révèle l’évolution des connaissances, des regards et des compor-tements et souligne comment chaque époque détermine les esprits. Il m’est venu en écrivant un sentiment de fraternité envers ceux qui nous ont précédés et ceux qui nous succèderont, dans ce xxie siècle lui aussi déchiré de violences.’’

 

A. F.